Ouverture d'atelier de la résidence de Lindre-Basse

Angélique Aubrit et Ludovic Beillard

du

Le centre d’art contemporain – la synagogue de Delme vous invite à l'ouverture d’atelier des artistes Angélique Aubrit et Ludovic Beillard le vendredi 21 mai de 16h à 19h au 10b rue des cigognes à Lindre-Basse.
Réservation obligatoire au 03 87 01 43 42 ou publics@cac-synagoguedelme.org

Les artistes Angélique Aubrit et Ludovic Beillard ne se perçoivent pas comme un duo et préfèrent voir leurs collaborations occasionnelles, comme des « discussions » aboutissant à des œuvres communes. Les œuvres d’Angélique Aubrit sont très souvent réalisées en textile – suivant les principes Do It Yourself – autant par nécessité que pour l’esthétique qui en ressort. Ses créations figurent des narrations de personnages flottants, présents ou absents, affectés par des situations sociales décevantes, voire désespérantes. Inspirés du cinéma de genre et de philosophie récente, ses axes narratifs sombres prennent corps dans des créations informes, liquéfiées ou affalées. Il y apparaît une destruction soft dans des tissus de soie brillante bon marché, semblant tout droit sortis d’un intérieur kitsch de pavillon américain de classe moyenne des années 70. Il règne alors un état psychologique névrosé, proche de la folie, mais qui ne se laisserait pas observer de l’extérieur, parce qu’il concerne autant l’observateur que l’observé. Car l’artiste ne retient pas le visiteur à distance dans ses environnements. Elle l’inclut au malaise comme partie prenante, comme si chaque œuvre semblait dire à celui qui la rencontre : « cela pourrait être toi... ». Pourtant, Angélique Aubrit se refuse à tout pessimisme et il s’agit ici d’accepter un état civilisationnel, une réalité, afin d’en écrire les nouvelles formes de défoulements collectifs.

L’art de Ludovic Beillard mène vers un univers où se conjuguent récits, légendes, théâtre de l’absurde et imaginaires médiévaux avec notre époque contemporaine dans ce qu’elle a de plus brutale et brumeuse : l’artiste recherche chez ses contemporains la manière dont évoluent et s’extériorisent les cas de personnes cherchant à s’écarter de la société, tels qu’autrefois, les moines franciscains, les recluses et aujourd’hui, les personnages « illuminés », les hommes taupes vivant dans les sous-sols des villes, etc. Il s’intéresse plus particulièrement à la manière dont ceux-ci se bâtissent leur environnement de vie en fonction de leurs moyens, créant de véritables décors d’un théâtre dont ils seraient les seuls spectateurs. Il y a donc chez Ludovic Beillard quelque chose de la mise en scène anxiogène, de l’attitude grotesque, des sons lugubres, une sorte de Gesamtkunstwerk[1], mais moins flamboyante que chez Wagner : les sensations sont plus telluriques chez l’artiste, terreuses, comme enfouies dans la glaise humide de laquelle jaillissent souvent des sculptures. On ne trouve pas d’envolées lyriques dans l’univers de l’artiste, mais une envolée inversée vers un individualisme psychotique cherchant une vaine échappatoire à travers lui-même. Si les créations sont totales et généreuses, prises dans des expositions fonctionnant comme des unités dans lesquelles chaque œuvre se veut un vers du poème, elles enfouissent dans un terrier kafkaïen ou vers des bas-fonds, tels ceux que l’artiste consulte sur les vidéos d’Urbex[2].

Ensemble, ils partagent ce goût pour ces univers et notamment pour la commedia dell’arte, le mime, les spectacles de marionnettes, différentes formes de théâtre populaire, de même que pour les états émotionnels, la dépression, le deuil, les ambiances funèbres. À l’occasion de leur résidence à Lindre-Basse, les artistes élaboreront ce qu’ils envisagent comme un théâtre itinérant, dont ils seront les metteurs en scène, les costumiers et accessoiristes. Ils souhaitent s’inspirer de la notion de « village » au sens large afin de composer une chambre-refuge, dans laquelle les spectateurs seront invités à pénétrer et à découvrir un ensemble de personnages, d’objets étranges, habités par une cohorte d’esprits évanescents.

[1] Une « œuvre d’art totale », qui inclut en son sein même, toutes les disciplines, techniques et mediums artistiques.

[2] Urbex signifie « exploration urbaine », une pratique consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l'homme.

*L’équipe du centre d’art tient à vous rappeler que cet événement peut être soumis à modification ou annulation selon le contexte sanitaire et les mesures gouvernementales. Tout changement de programme sera communiqué au préalable.

Le programme de résidence d’artistes est organisé en collaboration avec le Parc Naturel Régional de Lorraine et la commune de Lindre-Basse.*