"Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres"*
Le poème dont sont extraits ces vers est le premier émerveillement poétique de l’artiste Varda Schneider. La possibilité de mettre ensemble des choses qui n'ont a priori rien à voir entre elles pour créer du sens et de la beauté. Et puis il y a la fenêtre, ouverture précieuse qui offre la lumière et les possibilités d’un jour nouveau.
La fenêtre est un sujet important de l'Histoire de l'art, des débuts de la perspective avec Alberti qui considère la peinture comme une fenêtre s'ouvrant sur l'Histoire et sur le monde, à la Porte-fenêtre à Collioure de Matisse qui le fera s'approcher sans doute le plus de l'abstraction. Elle est un cadre dans le cadre, et permet de juxtaposer sur la toile deux espaces, le dedans et le dehors, ou l'inverse. C'est une frontière et un passage, elle sépare et relie.
Pour son exposition Inside out (ou l’inverse), Varda Schneider revisite l’espace de la galerie et ses fenêtres qui s’ouvrent sur la rue piétonne. A la fois entrées et portes ouvertes sur d’autres mondes, elles sont abordées comme allégorie générale de la peinture et une invitation plastique, colorée et formelle qui s’inspire des voyages en Inde, au Népal et dans le Lot natal de l’artiste.
Les lignes qui les composent et la grille des carreaux deviennent motifs, mais restent également la frontière entre le dedans et le dehors. Cette idée de passage fait d'autant plus sens aujourd'hui en ces temps d'enfermements, puisque les fenêtres comme ouverture sur le monde restent les meilleures alliées de celles et ceux pour qui elles sont le seul lien avec l'extérieur, passage vers les songes ou source de lumière.
*Extrait du poème «La terre est bleue comme une orange» de Paul Eluard, 1929