Il était une fois un humain dans le désert.
À l’heure de la prière que commande sa religion, il cherche la direction rituelle, s’oriente au soleil et dans l’axe trouvé, trace sur le sable un rectangle dans lequel il pénètre après avoir retiré ses sandales.
La prière accomplie, il s’en va, laissant au vent le soin d’effacer les traces sur le sable, redonnant à la nature cet espace un instant composé, un instant extrait du monde. (1)
Justement illustré par cette citation, on pourrait commencer par dire que le travail d’Evelise Millet tend à interroger l’idée d’espace habité, en s’attachant à diverses notions comme le paysage, le bâti et l’ornementation, ou encore la circulation et les flux. Car dans sa pratique de dessin et de volume, l’artiste modélise des formes et des vues qui sont “extraits du monde” et “composés” avec ce qui n’est pas visible (ou caché). Ces ébauches deviendront peu à peu des œuvres dans lesquelles, absent mais pourtant central, se situe le corps, tel celui de l’humain dans le désert qui marque et façonne le paysage à son passage, et disparaît.
(1) Histoire anonyme ; Franck Rambert, Hors nature : L’enceinte, une figure de la sédentarisation, Métis Presses, 2019
Extrait du texte de Caroline Montenat