Aurélie de Heinzelin (née en 1980 à Rouen, vit et travaille à Strasbourg) est diplômée de la HEAR de Strasbourg ainsi que l’université de Rouen où elle a effectué un Mastère en littérature. Invitée par le Frac Alsace, l’artiste présente pour la sixième occurrence de Degrés Est un projet in situ et revisite le thème du gisant.
Dans sa pratique principalement tournée vers des médiums traditionnels comme la peinture à la tempera, l’huile sur bois, le fusain, l’encre et le pastel sur papier, Aurélie de Heinzelin développe un langage pictural singulier. Mêlant expressionnisme onirique et références au grotesque, son travail revisite les grands thèmes et genres de l’histoire de l’art occidentale, habituellement en lien avec l’iconographie religieuse.
Dans le contexte d’une résidence menée cette année à la Cité des Arts (Paris), avec l’aide de la DRAC Grand Est et de la Région Grand Est, Aurélie de Heinzelin poursuit sa recherche sur le corps, rattachée à la figure du gisant : statue funéraire en marbre, généralement à plat-dos sur un tombeau ou un sarcophage. L’ensemble des œuvres présentées seront produites spécifiquement pour Degrés Est salle en longueur qui contient une cheminée médiévale. Ici, le corps du défunt se tient debout, entouré d’un ensemble de dessins rappelant les pleurants, personnages de la peinture et la sculpture classique qui encadrent un défunt. Le travail sur le pli et sur le drapé transparent, dévoilant en même temps qu’il dissimule, se réfère directement à certaines œuvres classiques comme Le printemps de Boticelli. La série des dessins en contre-jour renvoie tant aux « écorchés », sculptures ou dessins anatomiques représentant le corps dépouillé de sa peau, qu’au cinéma d’horreur.
L’artiste traite cette iconographie avec une picturalité qui lui permet d’aborder la question de la représentation du corps aujourd’hui. Elle rend compte de sa vulnérabilité par le dessin (fusain et craie conté sur papier), médium longtemps associé au travail préparatoire, au temps d’un entre-deux. Elle représente le corps à l’image d’une sculpture-colonne, c’est-à-dire immobile et verticale.
Loin de l’augmentation et l’optimisation des corps prônées par l’ère que nous traversons, le projet d’Aurélie de Heinzelin nous parle de démultiplication et d’immobilité, d’un corps éclaté ou non-fonctionnel, exposé dans sa relation à l’autre et à l’espace commun qu’il nous faut habiter debout.
Commissariat : 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine
La proposition d’Aurélie de Heinzelin enrichit la programmation de l’espace prospectif Degrés Est, centré sur les artistes liés au territoire du Grand Est. Activé par des propositions des trois FRAC du Grand Est, il introduit à la diversité des pratiques artistiques actuelles, et souligne l’engagement du Frac à faire apparaître la pluralité au sein de la création contemporaine.
Une édition sera réalisée à l’occasion de l’exposition.